Premier bilan, par Clarisse Fabrèges et Quentin Nam

Casablanca, des centres et des périphéries

De part et d'autre du Boulevard Sidi Mohamed Ben Abdellah : la Marina flambant neuve fait face à des quartiers d'habitat ancien qui n'ont pas bénéficié de la réhabilitation de la Médina. Photo : Quentin Nam
De part et d'autre du Boulevard Sidi Mohamed Ben Abdellah : la Marina flambant neuve fait face à des quartiers d'habitat ancien qui n'ont pas bénéficié de la réhabilitation de la Médina. Photo : Quentin Nam

Au Maroc, Casablanca est la ville cosmopolite par excellence. Une ville jeune, au passé récent : elle ne comptait que 20 000 habitants au début du XXe siècle. Avec une population actuelle de 3,5 millions d'habitants et près de 5 millions pour la totalité de son agglomération, Casablanca est aussi une ville qui a grandi rapidement, et où l'urbanisation a toujours été un challenge.

Cela explique peut-être la nature cosmopolite de la ville : Casablanca est riche architecturalement, culturellement et ethniquement, puisqu'elle a toujours eu une tradition d'accueil pour les populations du Maroc, du reste de l'Afrique et d'Occident.

Riche, Casablanca l'est aussi socialement. Du fait de sa place de capitale économique du Royaume, nous nous attendions à trouver d'importantes différences de richesse parmi ses habitants. Les écarts réellement constatés lors de nos visites de terrain et les divers entretiens que nous avons eus à ce stade nous ont toutefois frappés par leur ampleur. En mettant de côté les bidonvilles excentrés et les quartiers résidentiels éloignés remplis de villas toutes plus luxueuses les unes que les autres, le centre-ville en lui-même est le théâtre de toutes les inégalités. Sur un périmètre restreint, il arrive souvent que des enfants affamés côtoient des Porsche dernier cri.

Redéfinition du concept centre-périphérie

La Corniche en cours d'aménagement au niveau de la mosquée Hassan II. Photo : Quentin Nam
La Corniche en cours d'aménagement au niveau de la mosquée Hassan II. Photo : Quentin Nam

Bien que Casa ait une histoire récente, son dynamisme - qui n'est plus à remettre en question - ne s'est pas toujours exercé aux mêmes endroits selon l'époque. Alors que le cœur de la ville battait dans le quartier art-déco sous le Protectorat, celui-ci a glissé lentement mais sûrement vers le Maârif au fil des années. Toutefois, on observe aussi désormais d'autres lieux de vie et d'animation : la Corniche et ses nouveaux centres commerciaux, la ville art-déco et la place Mohammed V qui continuent d'attirer... Finalement, Casablanca est une cité typiquement polycentrique.

 

Ces observations nous ont amenés à adapter la notion de "centre-périphérie" au cas de Casablanca. On a déjà eu l'occasion de prendre pour hypothèse le fait que le concept de ville intelligente est davantage pensé pour les zones centrales : il ne s'agit pas forcément d'endroits qui soient centraux géographiquement, mais plutôt des lieux de vie, de rencontre, où différents milieux sociaux peuvent se côtoyer (même sans se parler). Par opposition, les zones périphériques seront de deux types : les zones résidentielles, y compris en centre-ville, qu'elles soient riches, modestes voire pauvres, et les zones rurales excentrées, que nous avions déjà pris en compte lors de la définition de notre mission.

À Casablanca, un très large concept de "ville intelligente"

Publicité pour le lancement du site de la Ville de Casablanca, le 21 décembre 2015. Photo : Clarisse Fabrèges
Publicité pour le lancement du site de la Ville de Casablanca, le 21 décembre 2015. Photo : Clarisse Fabrèges

Casablanca affiche clairement l'objectif de compter parmi les "smart cities" en Afrique et dans le monde. En témoigne le lancement d'un site Internet dédié à la ville, www.casablancacity.ma, à la fin de l'année 2015. Casablanca a également organisé, les 18 et 19 mai derniers, la "Smart City Expo Casablanca" et une nouvelle édition est d'ores et déjà programmée pour les 17 et 18 mai 2017.

 

Pourtant, Casablanca souhaite aussi s'imposer comme une ville intelligente en dépassant les nouvelles technologies : il s'agirait alors d'adopter une organisation efficace, avec un leadership et une direction clairement énoncés afin de concrétiser des projets novateurs dans des délais serrés tout en obéissant à une exigence de qualité et de sérieux.

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